Escapade vers un futur incertain
Les pertes du Bomber Command dans le département de la Marne
 

 
 

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Handley Page Halifax B. Mk. V, MAMA-UU, S/n LL248
No. 161 (Special Duties) Squadron
abattu dans la nuit du 4
au 5 août 1944
à Huiron, Marne (51), France
 
- Tant qu'une personne se souvient de toi, tu ne meurs jamais -

 

 

Note du Webmaster :

Par respect envers la mémoire de ces aviateurs, souhaitant préserver autant que faire ce peu le point de chute de leur appareil de toutes fouilles sauvages, j'ai volontairement omit de mentionner les informations suceptibles de procéder à la localisation exacte de ce site.
Dans le même ordre d'idée, il est bien évident que je ne transmettrai aucune de ces informations par quelque autre voie que ce soit.

le Webmaster
 
 

Le vendredi 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne. Le dimanche 3 septembre suivant, répondant à cette agression, la Grande-Bretagne et la France déclare la guerre au IIIe Reich. Après une période d'attente de plus de 8 mois, l'Allemagne qui a reconstitué ses forces et ses réserves se lance à l'assaut de l'Ouest le vendredi 10 mai 1940.
Perçant à Sedan, la Werhmacht enferme en Belgique le meilleur des troupes alliés qui sont anéhanties. Puis, reportant son action sur le Sud, les troupes allemandes déferlent sur la France qui cesse officiellement le combat le mardi 25 juin 1940.

Désormais, la Grande-Bretagne se retrouve à lutter seule face au grand Reich qui domine l'Europe de l'Atlantique à l'URSS. Toutefois de ces pays occupés vont bientôt se lever des hommes et des femmes qui, refusant l'occupation de leurs nations, vont se regrouper et constituer des mouvements de Résistance. Conscient de l'apport que représente pour eux ces résistants, les britanniques vont très rapidement mettre en place le SOE (Special Operation Executive), un service chargé de soutenir les résistans par la fourniture d'armes, de ravitaillement, d'instructeurs, etc. Mais la nécessité d'obtenir des renseignements quant aux activités et forces de l'adversaire vont également amener les Services Secrets de l'Empire à introduire puis à exfiltrer des agents sur le continent.

Toutefois la seule voie d'accès à l'Europe occupée reste alors la voie aérienne. Aussi les britanniques vont-ils créer le Special Duties, deux Squadron chargés spécifiquement d'opérer dans le plus grand secret pour déposer ou reprendre des agents derrière les lignes ennemies et y larguer des approvisionnements. Ce seront les No. 138 et 161 Squadron.

Créé le 1er juin 1918, le No. 161 Squadron n'eut qu'une existence éphémère puisqu'il fut dissout le 4 juillet suivant ! Reconstitué le dimanche 15 février 1942 sur le terrain de Newmarket à partir d'un noyau d'hommes prélevé sur les effectifs du No. 138 Squadron et de l'escadrille du Roi, le No. 161 Sqn. va rejoindre le No. 138 Sqn. dans ses missions secrètes.

Chargés de parachuter armes, ravitaillement et agents aux différents mouvements de Résistance implantés en Europe occupée mais également d'en rapatrier certains éléments (aviateurs abattus ou agents), le Squadron va mettre en oeuvre plusieurs types d'appareils tels que les Westland Lysander, Douglas Havoc et Lockheed Hudson.

En mars 1942, l'unité s'installe à Graveley qu'elle quitte pour Tempsford en avril suivant. En novembre 1942, le No. 161 Sqn. perçoit ses premiers Handley Page Halifax, un appareil bien plus adapté aux opérations spéciales de parachutage.

C'est ainsi qu'à Tempsford, base ultra-secrète de la RAF qui héberge les appareils du No. 161 Squadron, la nuit du vendredi 4 au samedi 5 août 1944 voit-elle un équipage de cette unité se préparer à partir en mission. L'opération, baptisée Bob 166, va consister à parachuter divers containers à destination de la Résistance ainsi que trois agents français, le Sous-lieutenant Damas Joseph Bernard alias Bernard Laumon [ Note du Webmaster : également orthographié Laumont voir Lamond selon les sources ] ; l'aviateur Pierre Paul Henri Antoine alias Pierre Lirand [ NdW : parfois orthographié Litrand ] qui semble tout deux être membres de l'Armée de l'Air et l'agent Joseph Wagner dit Joseph Orlan [ NdW : le grade exacte et l'arme d'appartenance me sont inconnus ].

L'équipage anglo-néo-zélandais chargé de mener cette mission à bien, est constitué de 7 hommes particulièrement expérimenté.

Les membres de la Royal Air Force sont le pilote, le Flight Lieutenant Eduard Albert Loos, un aviateur âgé de 27 ans qui plus est décoré d'une Distinguished Flying Cross ; le mécanicien navigant de 28 ans, le Sergeant Basil Feather Stone Holland ; le bombardier de 22 ans, le Flight Sergeant David Gordon Patterson ; le mitrailleur supérieur, le Warrant Officer J. H. Hill ainsi que le mitrailleur arrière de 36 ans, le Flying Officer Robert Buchan Hall.

Quant aux représentants de la Royal New Zealand Air Force, ce sont l'opérateur radio, le Pilot Officer Kenneth Frederick Morgan qui totalise 479 heures de vol pour 45 sorties et le navigateur, le Flying Officer Ian Armstrong Blaikie, titulaire d'une Distinguished Flying Medal obtenue le 12 mars 1943 et qui a précédemment effectué un tour complet d'opérations au Moyen-Orient au sein du No. 104 Sqn., ce qui lui vaut de comptabiliser 757 heures de vol et de participer là à sa 76e mission !

Pour l'occasion, la monture qui leur a été confié est le Handley Page Halifax B. Mk V (Serial number LL248) codé MAMA-UU, qui est issu des chaînes d'assemblage de l'usine Rootes Securities de Speke. A 22 h 15 (heure anglaise), le lourd quadrimoteur s'élance dans les airs pour la dernière fois de son existence.

Selon diverses sources locales, le LL248/MAMA-UU, transporte une importante charge d'armes, de munitions et d'explosifs, voir de vivres, ainsi qu'une forte somme d'argent, ce que confirme d'ailleurs M. Gilbert Grandval, chef des FFI de la région C de l'époque [ NdW : la région C regroupe les départements des Ardennes, de la Marne, de la Meurthe-et-Moselle, de la Meuse, de la Moselle, des Bas et Haut-Rhin ainsi que des Vosges ].

" Le premier gros envoi du B.C.R.A. fut effectué dans la nuit du 31 mai au 1er juin sur le terrain Honolulu dans la Marne. On m'avait annoncé 17 750 000 francs mais l'équipe de réception ne me remit que 11 500 000 francs dont 6 000 000 pour la région C et 5 500 000 pour la région D. Jamais on n'est parvenu à savoir ce qu'il était advenu des 6 250 000 francs manquants. Il s'agissait là du budget de juin. Quant au budget de juillet, il ne parvint pas. L'avion qui devait effectuer un nouveau parachutage sur le terrain Honolulu dans la nuit du 4 au 5 août ne rentra pas à sa base ".

En effet, lorsque le Halifax se présente, aux environs de minuit, au-dessus des communes de Courdemanges, Huiron et Glannes, situées au Sud-ouest de la ville de Vitry-le-François, il semble que, pour une raison inconnue, le balisage de la zone de largage n'ait pas été mis en place à moins que, des airs, ce dernier ait été insuffisamment visible.
Quoi qu'il en soit, l'appareil se met à cercler dans le ciel champenois, sans doute avec l'espoir de repérer un signal provenant du sol
. Mal lui en prend toutefois car le terrain de Saint-Dizier, tout proche, héberge une unité de la Nachtjagd, la chasse de nuit allemande. Peut-être est-ce donc l'un de ses appareils qui intercepte le LL248/MAMA-UU ?

" Il était minuit. Depuis les habitations de Glannes, nous avons entendu le craquement formidable des canons de l'avion allemand ".

" Le Halifax suivait une direction Sud/Nord. Il fut sans doute touché à la verticale de Courdemanges, sa cargaison pris feu et explosa en vol, si bien que l'avion passa en flammes au-dessus de Huiron et de Glannes en perdant de l'altitude pour s'écraser à [ censuré par le Webmaster ] ".

" Plusieurs personnes ont couru vers [ censuré par le Webmaster ] où venait de s'écraser le Halifax. Ce sont des gens de Glannes qui ont sorti les corps de la ferraille. Tous les occupants étaient morts sur le coup et leurs cadavres étaient disloqués. Seul le pilote paraissait intact.
(...)
" Les allemands intervenus par la suite nous ont fait circuler. Dieu merci, car environ trente minutes après l'écrasement de l'avion, un chasseur non identifié a surgi et a copieusement pilonné la carcasse ".
[ NdW : au jour d'aujourd'hui, je n'ai toujours pas trouvé confirmation ou infirmation de ce fait. Toutefois, peut-être s'agit-il d'une confusion avec les évènements qui suivent ].

En effet, la Gendarmerie française note dans son rapport relatant les événements de la nuit que :

" Le 5 août 1944, vers une heure un bombardier anglo-américain s'est écrasé au sol [ censuré par le Webmaster ] de la commune de Glannes [ censuré par le Webmaster ]. L'appareil est entièrement détruit.

Des militaires de l'armée d'occupation interdisant l'accès des débris de l'appareil il n'a pas été possible de constater si des cadavres se trouvaient parmi les débris.

Vers 4h3O un bombardier anglo-Saxon a bombardé le passage suérieur de la route Nationale N° 34 et de la ligne Paris-Strasbourg à la sortie Ouest de Vitry-le-François - 4 bombes ont éclaté dans un pré à 50 mètres du pont. Une dizaine de fils téléphoniques longeant la voie ferrée ont été coupés.

Pas d'accident de personne ".

A Glannes, le point de chute du Halifax étant désormais sous contrôle allemand, la population en a été chassée et semble n'avoir été autorisée à s'approcher des lieux du drame qu'au bout de deux jours. Recueillis par leur soin, les corps de 6 des sept aviateurs et de 2 des trois passagers sont portés en terre au cimetière communal de Huiron, la localité de Glannes sur le territoire de laquelle a chuté le bomardier n'en possédant pas.

Ainsi, contrairement à ce que pense alors les témoins de ce drame, la totalité des occupants de l'appareil n'a pas trouvé la mort dans sa destruction. Deux hommes sont parvenus à se parachuter et échapperont même à la capture : le W/O Hill dont l'odyssée terrestre ne m'est pas connu mais qui a peut-être été recueilli par l'un des maquis des environs regagnera la Grande-Bretagne en octobre 1944, et l'agent Wagner qui, pour sa part, est pris en charge par le maquis de Blacy.

" (…) Le 5 vers 13 heures, Chambon descend au village et informe M. Bontoux qu'il vient de recueillir un parachutiste. Ce dernier se dit chargé de mission et veut voir le chef d'arrondissement des FFI. M. Chambon présente à M. Cossu les papiers du parachutiste. Ils comprennent une carte d'identité en français délivrée par la préfecture des Bouches-du-Rhône avec cachet et une carte d'alimentation, le tout établi au nom de Cholet Joseph.

M. Cossu est chargé de se rendre à la ferme pour vérifier si l'on se trouve bien en présence d'un ami. Cholet explique que l'avion dans lequel il avait pris place devait parachuter des vivres. Il ignorait à quel endroit exact ; était surpris d'être près de Vitry alors qu'il croyait survoler les Ardennes. [ NdW : la ville de Vitry-le-François est implantée dans le Sud-est du département de la Marne, lui même au sud de celui des Ardennes ].

Il a pu sauter de l'appareil en arrachant son gant droit, ce qui lui a permis d'atteindre son parachute et d'aider un de ses camarades qui étaient neuf. D'après lui, ce camarade a dû sauter également, mais personne ne l'a vu. [ NdW : l'appareil emportait 10 personnes à son bord et non pas 9 comme l'indique ce témoignage ] Cholet veut retrouver son parachute et sa musette contenant les plis secrets dont il était chargé ; il doit se rendre dans les Vosges.

Des recherches sont immédiatement effectuées et poursuivies le lendemain avec l'aide de Robert Fleuret de Huiron. Le 7, M. Cossu remonte aux Perrières pour approvisionner Cholet et apprend que ce dernier qui, en compagnie de Chambon et de Léon Delaporte, a retrouvé son parachute, est parti avec M. Bontoux ".

Poursuivant sa mission, Joseph Wagner survivra à la guerre pour rencontrer son destin dans un accident de la route en 1968.

Quant à la destruction du Halifax LL248/MAMA-UU, on peut vraisemblablement la porter au crédit de l'Oberleutnant Ernst Drünkler, un pilote de la 1./NJG 5 qui, en cette nuit du vendredi 4 au samedi 5 août 1944 , revendique un quadrimoteur à 01 h 04 (heure allemande) dans le secteur BK-1 correspondant au point de chute du bombardier.

 
   
 
 
Sources principales :
 


Bomber Command Losses, Vol.5 (1944), W. R. CHORLEY ;
Libération de l'Est de la France, G. GRANDVAL & A-J. COLLIN ;
Le Maquis de Blacy in La Résistance en Champagne et dans les Ardennes (tome 1), G. GOBERT ;
Documents divers des Archives Départementales de la Marne ;
Divers renseignements via J. LECLERCQ ;
Divers documents via Association Maison Rouge - Musée de Vraux
;
Tony WOOD's website.

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Recherche :

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Merci d'avance.
le Webmaster
 
 
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