Escapade vers un futur incertain
Les pertes du Bomber Command dans le département de la Marne
 

 
 

m'envoyer un mail
Dernier vol
version anglaise
 

Handley Page Halifax B. Mk. VII, OWOW-VV, S/n LW198
No. 426 (Thunderbirds) RCAF Squadron
abattu dans la nuit du 28
au 29 juin 1944
dans les environs de Reims, Marne (51), France
 
- Tant qu'une personne se souvient de toi, tu ne meurs jamais -

 

 

Dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 juin 1944, les premières troupes aéroportées alliées (82nd et 101st US Airborne Division, 6th British Airborne) prennent pied sur le sol normand. A l'aube du mardi 6 juin, elles sont suivies des 4th et 1st US Infantry Division, 50th British Infantry Division, 3rd Canadian Infantry Division et 3rd Infantry Division, qui débarquent sur les plages du Cotentin et du Calvados baptisée pour l'occasion Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword. La bataille de Normandie vient de débuter et ne s'achévera que le lundi 21 août suivant, après deux mois et demi de furieux combats qui connaîtront trois phases successives :

La première, qui verra la constitution et la consolidation des têtes de pont alliés jusqu'à la prise du port de Cherbourg, s'étalera du mardi 6 au mardi 27 juin 1944 ;

La deuxième, le piétinement dans les haies du bocage normand et dans la plaine de Caen, s'étendra du mardi 27 juin au mardi 25 juillet 1944 ;

La troisième, la percée à l'Ouest de Saint-Lô et l'exploitation qui s'en suit jusqu'à la fermeture de la poche de Falaise allant du vendredi 28 juillet au lundi 21 août 1944.

Tout au long du déroulement de ces trois phases, l'action du Bomber Command restera subordonnée à celle des forces terrestres par l'intermédiaire du SHAEF. Chargé essentiellement d'entraver le mouvement des troupes allemandes en direction du champ de bataille, les bombardiers lourds alliés poursuivent leur oeuvre de démolition à l'encontre du réseau ferré français (voies, gares de triage, dépôts, ateliers de réparation et d'entretien, etc. ) mais également des moyens de transports (locomotives, wagons, véhicules automobiles, péniches etc.) et infrastructures qui y sont lié (ponts, tunnels, écluses, canaux, etc.).

Ainsi pour la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin 1944, la contribution du Bomber Command au Transportation Plan (ou Plan des moyens de transport) portera sur les gares de triage de deux villes françaises de l'Est de la France, Metz, en Moselle et Blainville-sur-l'eau, en Meurthe-et-Moselle.

Pour ce faire, pas moins de 202 Handley Page Halifax des No. 4 et 6 (RCAF) Group vont composer la Main Force (la force de bombardement principale), les 97 appareils britanniques (No. 4 Group) ayant Blainville pour objectif tandis que leurs homologues canadiens du No. 6 (RCAF) Group (soit 105 bombardiers) feront route sur Metz. Quant au balisage de ces deux cibles, il relèvera du No. 8 (PFF) Group qui dépêche pour l'occasion 28 de ses Avro Lancaster Pathfinder.

A Linton-On-Ouse, dans le Yorkshire, où stationne les No. 408 (Moose) et 426 (Thunderbirds) RCAF Squadron, le personnel des Thunderbirds s'affaire car ses appareils vont bientôt devoir s'envoler sur Metz.

Initialement formé sur Vickers Wellington à Dishforth, Yorkshire, au sein du No. 4 Group le jeudi 15 octobre 1942, le No. 426 (RCAF) Squadron fut la septième unité de bombardement canadienne à être constituée hors du territoire national. Le vendredi 1er janvier 1943, la création du No. 6 (RCAF) Group, qui aura la particularité de ne comprendre que des Squadron canadiens, s'accompagne du transfert du No. 426 (RCAF) Sqn.

L'unité, qui a choisi pour insigne le Thunderbird (pour Oiseau tonnerre), du nom de l'oiseau mythique dont la vue est censée causer mort et destruction chez ceux qui l'aperçoive et dont l'origine remonte à certaines populations indiennes d'Amérique du Nord qui baptisèrent ainsi le premier aéroplane qu'elles virent évoluer dans leur ciel, accomplie sa première sortie opérationnelle dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 janvier 1943 en bombardant Lorient.

En juin 1943, le No. 426 (RCAF) Sqn. échange ses Wellington contre des Avro Lancaster motorisés par des Bristol Hercules en étoile (le Mark II) et non du classique Rolls-Royce Merlin en ligne (Mark I et III). Par la même occasion, le Squadron fait mouvement sur le terrain de Linton-on-Ouse où il stationnera jusqu'à la fin du conflit. Moins d'un an plus tard, en avril 1944, il est rééquipé de Handley Page Halifax, tout d'abord dans sa version Mk. III à laquelle succède le modèle VII dont le plafond opérationnel et la vitesse ont été accrus grâce à une nouvelle motorisation de Bristol Hercules.

C'est donc à bord de ce dernier type d'appareil que va opérer le No. 426 (RCAF) Sqn. en cette nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin 1944. L'un d'entre eux, le Handley Page Halifax B. Mk. VII, OWOW-VV, S/n LW198, produit par la firme Handley Page de Crivklewood & Radlett, ainsi que son plein chargement de 14 bombes de 500 livres, va d'ailleurs être confié aux mains d'un équipage parfaitement expérimenté.

En l'occurence celui du Flying Officer Stuart W. Gerard, un pilote de la RCAF qui totalise 24 missions ; du Pilot Officer Kenneth Beeley, mécanicien navigant RAF qui en compte 29, dont les 10 dernières avec cet équipage après que son prédecesseur se soit cassé le bras à la fin du mois d'avril ; du Flying Officer William Lastuk, navigateur RCAF (22 missions) ; du Warrant Officer 2nd Class E. J. Wilkie, bombardier aux 24 missions dont c'est la première sortie avec cet équipage puisqu'il remplace au pied levé John Weibe, le bombardier habituel, cloué au sol par une forte fièvre ; du Flight Sergeant Dave A. MacInnis (22 sorties), opérateur-radio et citoyen américain de la ville de New York engagé dans la RCAF ; du Pilot Officer Thomas Aubrey Rogers, mitrailleur supérieur RCAF aux 22 sorties et du Pilot Officer Kam Len Douglas Sam, mitrailleur arrière canadien dont l'ascendance chinoise lui vaudra quelques difficultés au moment de s'engager, en raison de certaines restrictions raciales alors en vigueur à l'époque. Malgré tout ce dernier aura au jour de cette mission, effectué 28 sorties.

A 22 h 10 (heure anglaise), le premier des 20 Thunderbirds désignés pour cette opération prend l'air. A 22 h 18 (heure anglaise toujours) survient le tour du LW198/OWOW-VV. Au final ce ne sont toutefois que 17 Halifax qui s'envoleront, 3 d'entre eux n'ayant pu décoller en raison de défaillances mécaniques diverses, desquels il faudra encore retrancher un nouvel appareil contraint de rebrousser chemin sur fuite du liquide hydraulique.

Intégré au Stream, le flot des bombardiers participant à la même opération, le bombardier passe la côte française aux environs de Calais et poursuit son vol sur un cap Sud à environ 3 500 pieds, soit près de 1 067 mètres. Parvenu à l'Ouest de Reims, il effectue alors un virage qui l'amène plein Est et commence à gagner son altitude de bombardement établie à 13 000 pieds, 3 962 mètres. Toutefois le Halifax LW198/OWOW-VV n'aura guère le loisir d'aller plus loin car sa route va croiser celle de la chasse de nuit allemande.

Peu avant 01 h 00 (heure anglaise) en effet, un chasseur adverse s'approche et prend position en dessous et sur la gauche du quadrimoteur. Sa présence est toutefois repérée par le mitrailleur arrière, le P/O Sam qui identifie l'assaillant comme étant un Junker 88. Quasiment au même instant, le P/O Rogers, mitrailleur supérieur, aperçoit à son tour un second Ju 88 situé quant à lui, plus haut et sur la droite ! Il est peu probable que les deux chasseurs se soient concertés au préalable mais leur position est idéale pour prendre le Halifax en tenaille !

Brusquement, le pilote du Ju 88 placé sur la gauche du bombardier prononce son attaque. Parvenu à près de 400 yards de distance (~ 365 mètres), le chasseur de nuit ouvre subitement le feu !

" Je crois que nous approchions de 8 ou 9 000 pieds, soit environ 2 400 à 2 750 mètres d'altitude, quand le premier Ju 88 arriva sur nous. Doug Sam, notre mitrailleur arrière, me demanda d'exécuter un 'corscrew' (manoeuvre d'évasion consistant à effectuer une vrille) à droite ce que je fis. Le Ju 88 nous rata, son tir passa au-dessus de nous ".

Mais si les tirs de l'allemand ont manqué leur cible, ceux du P/O Sam en revanche ont atteint la leur, le mitrailleur canadien ayant la joie de voir son assaillant tomber en flammes [ Note du Webmaster : cette nuit là, au moins deux appareils de la Nachtjagd seront abattus dans le secteur. Le Messerschmitt B. 110 de l'Obergefreither Friedrich-Wilhelm Kisker et un second chasseur dont le type et l'équipage n'ont pu être identifiés mais le point de chute attesté ].

Mais après ce premier assaut, le Halifax LW198/OWOW-VV va devoir affronter le second Nachtjäger.

" Je venais tout juste de reprendre mon cap quand le mitrailleur de la tourelle supérieur réclama une vrille à gauche [ Note du Traducteur : il s'agit du Pilot Officer T.A. Rogers, âgé de 39 ans ]. Les obus du Ju 88 atteignirent le centre de notre avion ainsi que les réservoirs d'essence droits qui prirent immédiatement feu. L'extincteur du moteur n'eut aucun effet, et mon mécanicien et moi-même nous nous sommes rendu compte que le feu menaçait le centre du fuselage. Je pris très rapidement la décision d'ordonner l'évacuation de mon appareil :

" sautez - sautez - sautez "... ".

Contrairement à la première attaque, cette seconde se déroule à l'inverse de la précédente. Cette fois-ci les tirs du P/O Rogers et du P/O Sam ratent leur cible tandis que ceux du chasseur allemand atteignent le Halifax en plusieurs points, le milieu du fuselage, son aile droite ainsi que son aileron, enflammant également l'un de ses réservoirs d'essence. Malheureusement ces tirs sont très vraisemblablement la cause du décès du P/O Thomas Aubrey Rogers qui sera le seul des 7 membres d'équipage à ne pas pouvoir évacuer le bord.

Un à un en effet, les aviateurs s'élancent dans le vide. Après avoir ouvert la trappe d'évacuation avant, le F/O Lastuk saute, suivie par le F/S MacInnis, le W/O2 Wilkie, le P/O Beeley et enfin le F/O Gerard qui éprouve quelques difficultés à l'ouverture de son parachute. Quant au P/O Sam, il parviendra également à s'extraire de sa tourelle arrière avant de rencontrer lui aussi quelques déboires avec son parachute.

Livré à lui-même, le Handley Page Halifax B. Mk. VII, OWOW-VV, S/n LW198 percute le sol du département de la Marne en un point qui m'est inconnu. Cet appareil aura ainsi le douteux privilège d'être tout à la fois le premier Mk. VII perdu en opération par le Bomber Command, le seul et unique appareil de ce type à tomber dans le département et le seul représentant du No. 426 (Thunderbird) Squadron a y avoir succombé pour l'ensemble du conflit [ NdW : quelques heures plus tard, l'unité verra toutefois s'abattre un second Mk. VII dans le secteur de Rouen au retour de cette mission ].

Selon la liste des revendications de victoires allemandes compilée par M. Tony Wood, les prétendants à sa destruction pourrait-être l'Obfhr. Friedrich-Wilhelm Kisker de la 1./NJG 6 qui abat un Halifax à 00 h 44 (heure allemande) à l'Ouest de Juvincourt [ à ce propos, le lecteur pourra prendre connaissance du témoignage de l'Obfhr. Kisker ] ; le Ltn. Plass de la 1./NJG 5 qui abat un quadrimoteur entre Craonne et Reims à 00 h 53 ; le Maj. Werner Hoffamnn du Stab I./NJG 5 qui abat un quadrimoteur entre Fismes et Reims à 00 h 58 ou le Fw. Gajewski de la 1./NJG 2 qui abat un quadrimoteur entre Soissons et Fismes à 01 h 06.

Plus chanceux que leur monture, les 6 membres d'équipage survivant touchent terre sans dommage et vont tous parvenir à échapper à la captivité.

" Je me suis posé juste à côté d'un aérodrome allemand [ NdW : Flugplatz A/213/XI, aérodrome de Reims-Courcy connu de nos jours sous l'appellation de Base Aérienne 112 - Commandant Edmond Marin-La-Meslée. As des As de la Campagne de France de mai-juin 1940 avec 16 victoires aériennes homologuées et 4 probables, le Cdt. Marin-La-Meslée trouve la mort à Rustenhardt, en Alsace, le 2 février 1945 après que son P-47 ait été atteint par un tir de Flak ].

Après avoir enterré mon parachute, je me suis dirigé à pied vers une ferme située près d'un canal. Dans mon mauvais français appris à l'école, je leur expliquai qui j'étais. Ils m'accueillirent et me nourrirent. Pendant que je mangeais, un policier français arriva et au début je croyais qu'il s'agissait d'un soldat allemand. En réalité, il était un maillon dans l'énorme système de la Résistance qui sauva bien des vies alliées. Il m'embarqua sur le cadre de son vélo jusqu'à une autre demeure où l'on me donna des habits civils et un béret.

Dans une autre maison, je fus pourvu de faux papiers d'identité. Nous étions en juin 1944, et je restai caché dans diverses maisons amies jusqu'en septembre quand les Américains libérèrent Reims, ville dans laquelle fut signé l'armistice, le 7 mai 1945 à 2 heures 41 du matin. Les Américains m'emmenèrent à Paris d'où je regagnai l'Angleterre par la voie des airs. On m'y interrogea soigneusement sur chaque détail de mon aventure. Je pris ensuite le " New Amsterdam " pour regagner le Canada et rendre compte au quartier-général de la RCAF à Ottawa ".

Ainsi le F/O Lastuk, devenu le jardinier Jean Durand dont la trop grande taille, aisément reconnaissable, ne lui permet pas de circuler librement, restera caché plusieurs semaines, notamment au sein de la famille de M. Léon Genêt de Reims, qui hébergera dans le même temps le P/O Wilkie. Ce dernier en effet, après avoir brutalement atterri au Nord de Reims, ce qui lui vaudra de se blesser au dos et à la jambe gauche, passera la nuit dans des buissons avant de prendre la direction du Sud au matin. Très rapidement cependant, son chemin croisera celui d'un gendarme français qui le conduira dans une cabane à proximité de la commune de Loivre où il semblerait qu'il ait rencontré le F/S MacInnis.

De son côté, le P/O Beeley, après avoir atterri dans un champ non loin du village de Bourgogne, situé au Nord-est de Reims, se cache dans un grenier à foin jusqu'au moment où son propriétaire l'y trouve. Le fermier le remet alors entre les mains d'un résistant local qui l'héberge pour la nuit. Le lendemain, l'aviateur est conduit à Reims où il retrouve le P/O Sam qui, pour sa part, a touché terre non loin du terrain de Reims-Courcy. Tous deux feront alors la navette entre le village de Sarcy, au Sud-ouest de Reims et cette dernière ville, au grès des nécessités de l'époque.

Toutefois le P/O Sam, de part son ascendance chinoise et sa parfaite connaissance de la langue française, entrera alors au service de la Résistance en se faisant passer pour un étudiant indochinois. Son action aux côtés de ses camarades de l'ombre sera telle qu'il se verra décerner la Croix de guerre avec Étoile d'argent.

Enfin, tout comme son mitrailleur arrière et son navigateur, le F/O Gerard touchera le sol aux abords de l'aérodrome de Reims-Courcy.

" J'ai atterri dans un taillis d'arbustes de 5 à 10 mètres de haut. Je tirai sur mon parachute que j'enterrai. Après avoir détaché mon insigne de pilote ainsi que mes épaulettes, je sortis du taillis sur une centaine de mètres -- Je n'étais pas blessé. Je vis ce qui me semblait être une route à environ cent mètres et commençai à marcher en parallèle de celle-ci. -- Un avion en approche finale me fit réaliser que la route était en réalité une piste d'atterrissage. Je restai caché jusqu'à ce qu'il eut atterri puis, revenant sur mes pas, je m'enfuis rapidement. Deux camions munis de projecteurs circulaient dans la zone, aussi je me cachai dans la broussaille jusqu'à leur départ.

Me dirigeant vers le sud-ouest je marchai de 2 heure 30 jusqu'à 7 heures environ car il commençait à faire jour. Je me suis caché dans des buissons et me suis endormi. Vers 8 heures, le bruit d'une personne qui se déplaçait dans les fourrés me réveilla. Heureusement ce n'était pas un Allemand mais le mitrailleur arrière d'un autre Halifax. Je reconnus son uniforme et je sifflotai doucement, lui donnant la frousse de sa vie. Il s'appelait Harry Brown. Je ne me souviens pas de son numéro de Squadron, mais il faisait partie de la R.A.F. [ NdW : le Sergent Harry Brown était le mécanicien navigant du Halifax Mk. III, LV910, QBQB-YY du No. 424 (Tiger) RCAF Squadron, avion également abattu aux environs de Reims cette nuit là dont le mitrailleur arrière revendiquera également la destruction de son assaillant. A ce propos, le lecteur pourra prendre connaissance de l'historique du Halifax LV910/QBQB-YY ]

En sautant Harry s'était blessé à la cheville. Je lui fis un pansement à l'aide de ma trousse de secours. Nous sommes restés dans le bois toute la journée et avons repris notre marche au crépuscule. Le temps est devenu orageux et nous avons traversé des terrains très marécageux. Harry ne pouvait pas bien marcher aussi nous n'avons pu couvrir que 10 ou 12 kilomètres. Nous étions épuisés et trempés quand, vers 4 heures du matin, nous avons aperçu une grange près d'une ferme. Après y être entrés, nous avons dormi une heure ou deux et nous nous sommes un peu séchés. Nous nous sommes réveillés vers 7 heures et avons décidé de partir avant que quelqu'un ne nous trouve. Nous étions près d'une pompe à eau, ce qui nous amena à vouloir y prendre de l'eau propre, car celle que nous avions recueillie dans les fossés ne l'était pas vraiment. Quand je me mis à tirer de l'eau, les pièces métalliques de la pompe firent entendre les bruits habituels. Nous avons attendu cinq minutes pour voir si quelqu'un nous avait entendus. Rien.

Alors, nous avons décidé de manger un paquet de chocolat avant de partir. Cinq minutes plus tard, deux jeunes garçons de 17 ou 18 ans arrivèrent dans la grange en courant. Ils n'étaient pas armés et ils commencèrent à nous poser les questions habituelles. Ils décidèrent qu'ils pouvaient nous faire confiance. La cheville de Harry les y incitait. Ils nous firent vite sortir de la grange, traverser une zone boisée et pénétrer dans un tunnel qui, je crois servait à l'approvisionnement en eau d'une sorte d'atelier. Je crois qu'il s'agissait d'un vieux moulin. On nous y garda toute une journée. Notre nourriture fut du lapin et du vin. A nouveau nous fumes interrogés par deux hommes et à nouveau considérés comme des aviateurs en fuite. Ils avaient peur des Allemands qui revêtaient nos uniformes afin de démasquer des membres de la Résistance ou des Français désireux de venir en aide aux Alliés. La nuit venue, nous sommes partis à bicyclette dans une forêt aux environs de Chaumuzy ".

Recueilli par la Résistance et hébergé un temps dans la ferme de la famille Truchon, les deux hommes participeront alors à quelques coups de force contre l'occupant dont l'attaque d'un centre souterrain de communications allemand ou le sabotage de pylones de lignes à haute tension [ à ce propos le lecteur pourra se reporter au témoignage du P/O Gerard ]. Le secteur devenant quelque peu "malsain" en raison de l'agitation causée, le P/O Gerard gagnera les environs de Montmirail et trouvera refuge parmi la famille de Marcelle Pomier dont les parents appartenaient à une chaîne de résistants faisant passer les aviateurs évadés en Espagne. Il restera à leurs côtés jusqu'à l'arrivée des premiers éléments de la 3rd US Army du Général Patton qui libèreront le département de la Marne en quelques jours, permettant ainsi, outre le retour en Grande-Bretagne de nos 6 aviateurs, celui de leurs nombreux camarades dissimulés ça et là dans des familles françaises.

Reste qu'à l'issu de ces deux raids menés sur Metz et Blainville, cibles que le Bomber Command considèrera comme ayant été atteintes, pas moins de 20 bombardiers auront été abattus. Ainsi, le No. 4 Group envoyé sur Blainville ne verra pas rentrer 11 Halifax (de même qu'un Lancaster Pathfinder) tandis que le No. 6 (RCAF) Group déplorera quant à lui, la disparition de 7 Halifax (là encore un Lancaster Pathfinder sera porté manquant).

De ce total, 4 bombardiers auront succombé dans le département de la Marne qui verra s'abattre, outre le Halifax LW198/OWOW-VV, le Halifax MZ539/MPMP-XX du No. 76 Sqn. ; le Lancaster PA980/LQLQ-EE du No. 405 (RCAF) Sqn. et le Halifax LV910/QBQB-YY du No. 424 (RCAF) Sqn.

 
   
 
 
Sources principales :
 


Bomber Command Losses, Vol.5 (1944), W. R. CHORLEY ;
The Bomber Command War Diaries, M. MIDDELBROOK & C. EVERITT ;
Thunderbirds at War, L. MOTIUK ;
Témoignage de W. LASTUK ;
Témoignage de S. GERARD ;
Témoignage de T. SAM ;
Témoignage de K. KISKER ;
Renseignements divers J. P. BASSET ;
Renseignements divers M. BALSS
;
Renseignements divers M. KOPCHUK.

Drapeaux animés 3D Flagsdotcom

 
 
 
Recherche :

Afin d'enrichir le contenu de ces pages, je recherche tout complément d'informations, témoignages, anecdotes, photos, documents d'archives, etc, concernant le déroulement des missions, les appareils, les équipages, leur(s) adversaire(s), les circonstances de leur destruction ainsi que les odyssées 'terrestres' des aviateurs survivants.

Merci d'avance.
le Webmaster
 
 
Si vous souhaitez inclure ce site dans vos liens,
voici le chemin d'accès à utiliser : http://olivier.housseaux.free.fr