Lorsque
débute l'année
1940,
la situation militaire n'a guère
évolué depuis
la déclaration de guerre
anglo-française à
l'Allemagne,
du dimanche 3
septembre 1939. La Pologne,
envahie aux premières
heures du vendredi 1er
septembre 1939, a succombé
depuis longtemps déjà
et le front Ouest s'est peu
à peu endormi. Désormais,
le Status quo règne.
Ainsi,
après une courte période
de tension, l'absence de
confrontation directe à
grande échelle entre
les combattants a laissé
place à une période troublante
que l'Histoire va qualifier
de "Sitzkrieg"
(guerre
assise) en Allemagne
; de "Phoney
War" (guerre
truquée) en Grande-Bretagne
et de "Drôle
de guerre" en France.
Toutefois,
hormis quelques escarmouches
terrestres, la majeure partie
des combats se déroule
bel et bien dans les airs à
l'occasion notamment, de sorties
sur ou à proximité
de la frontière allemande.
Inévitablement, ces "accrochages"
prélèvent leur
lot de victimes dans les rangs
des aviations des deux camps.
Mais
la vie des unités aériennes
est également quotidiennement
rythmée par
les vols d'entraînements, les
exercices de tirs et de bombardements
qui tous, visent à parfaire
l'instruction des équipages,
leur maîtrise des appareils
ou leur connaissance de la topographie
des secteurs survolés. Et là
encore, ces exercices donnent
lieu à leur cortège
de drames humains.
Petit
à petit cependant, l'hiver approchant,
les conditions météorologiques
se dégradent, restreignant ainsi
fortement toute activité
aérienne quant elles
ne l'interdisent pas tout bonnement
! En France,
les fêtes de Noël
et du Nouvel
An se passent sous la
neige, des conditions climatiques
particulièrement rudes pour
les équipages et personnels
tant britanniques que français
logés chez l'habitant, mais
plus encore pour les appareils
qui, sur leur petit terrain
de campagne, ne disposent d'aucune
infrastructure digne de ce nom
susceptibles de les abriter
!
Néanmoins,
l'évolution de la météo permet
parfois aux pilotes de prendre
l'air afin de maintenir le potentiel
opérationnel de leurs unités
respectives. Et c'est dans ce
contexte particulièrement
difficile qu'en ce mercredi
27 mars
1940 l'un des Fairey
Battle du No.
103 Squadron
va participer à un exercice
de bombardement.
Constitué
à Beaulieu,
dans le Hampshire
à la date du 1er
septembre 1917, le No.
103 Sqn.
dépend du Royal
Flying Corps et sert
tout autant de Squadron
de bombardement qu'à
la reconnaissance. La fin de
la Première
guerre mondiale marque
également la dissolution
de l'unité qui disparaît
des tableaux d'effectifs britanniques
en 1919
pour ne renaître de ses cendres
qu'en août
1936. A défaut
de Phénix, c'est le Cygne
qui est l'insigne de l'unité.
Le
samedi 2
septembre 1939, les Fairey
Battle du No 103
Sqn., partie intégrante
de l'AASF,
quittent la Grande-Bretagne
et leur base de Benson
pour venir s'installer en France
sur
le terrain de Challerange
dans le département des
Ardennes.
Le mardi 28
novembre 1939, le Squadron
déménage en direction de Plivot,
dans la Marne,
qu'il abandonne à son
tour le jeudi 15
février 1940 pour celui
de Bétheniville
au Nord du département.
Dans
la nuit du vendredi 1er
au samedi 2
mars 1940, le No. 103
Sqn. perd son premier
appareil lors d'un vol d'entraînement
à la navigation de nuit.
Les trois membres d'équipage
en réchappent même s'ils
souffrent de quelques blessures.
Mais le mercredi 27
mars un accident mortel
va endeuiller l'unité.
Devant
prendre part à un exercice
de bombardement à basse altitude
sur le champ de tirs de Moronvilliers,
implanté à proximité
du terrain militaire de Saint-Hilaire-le-Grand,
le Pilot
Officer Ian Percival
Hinton, pilote, le Sergeant
Duncan Cameron Findlay,
observateur et l'Aircraftman
2nd Class John Alexander
Sharpe, opérateur radio/mitrailleur
s'envolent à bord du
Battle
P2256.
Mais
le drame survient peu après
le décollage, lorsque le bombardier
britannique percute le sommet
d'une ligne d'arbres et s'écrase
sur le territoire de la commune
de Bétheniville,
ne laissant aucune chance de
survie aux trois membres d'équipage
qui trouveront leur dernier
repos au
Terlincthun
British Cemetery de Wimille
dans le Pas-de-Calais.
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